Mise En Scene De La Vie Quotidienne, La Tome2

2. Les relations en publicCet ouvrage représente l’aboutissement d’une recherche constante dans l’œuvre de Goffman : décrire de faēon quasi grammaticale ce qui constitue l’étoffe de la société (de toute société), les rapports entre les gens. De mźme que la phrase : « Auriez-vous du feu ? » obéit ą des rčgles grammaticales strictes que le locuteur est obligé d’appliquer s’il veut se faire comprendre (et qu’il applique sans y penser), de mźme les comportements « interpersonnels » alors manifestés (faēon de s’approcher, mouvements réciproques du regard, forme de l’adresse – « vous », « monsieur », etc.) sont régis par des rčgles rituelles auxquelles il faut se conformer si l’on ne veut pas choquer.Il y a pourtant une différence, que Goffman souligne ą plusieurs reprises : si les rčgles linguistiques forment une grammaire, les rčgles rituelles constituent un « ordre ». Et l’ordre social, ą la différence d’une grammaire, n’est pas au-delą de l’éthique, car il n’est pas simplement un code fonctionnel, mais il traduit aussi des rapports de domination et de profit. Il s’ensuit que « mal » se comporter a une tout autre dimension que « mal » parler (au sens de faire des « fautes » de syntaxe).C’est cette dimension proprement politique du comportement inter-individuel qui se découvre progressivement au long des sept articles qui composent le livre et qui se complčtent en un cheminement du plus simple au plus complexe, du plus extérieur au plus intériorisé.