Naissance (Prix Renaudot 2013)
34,47 €
Tellimisel
Tarneaeg:
2-4 nädalat
Tootekood
9782246713210
Descriptif: Extrait
J'allais na?tre. Pour moi, l'enjeu était de taille. Si c'était ? refaire, je na?trais beaucoup moins - on na?t toujours trop.
- Il surna?t ! s'était indigné mon p?re ? ma sortie des visc?res maternels.
On devrait arriver en silence, faire son entrée sur la pointe des pieds. Se faire oublier d'avance. On n'est jamais si prétentieux qu'en naissant. Il n'y a pourtant pas ...
Descriptif: Extrait
J'allais na?tre. Pour moi, l'enjeu était de taille. Si c'était ? refaire, je na?trais beaucoup moins - on na?t toujours trop.
- Il surna?t ! s'était indigné mon p?re ? ma sortie des visc?res maternels.
On devrait arriver en silence, faire son entrée sur la pointe des pieds. Se faire oublier d'avance. On n'est jamais si prétentieux qu'en naissant. Il n'y a pourtant pas de quoi : mon p?re, lassé par un jeu télévisé o? des vachettes locales entraient en excitation sous les huées d'un parterre de campeurs méchants, s'était dirigé, braguette ouverte, vers la salle de bains o? ma m?re glissait du fil dentaire entre deux douloureux chicots. Il avait soulevé le tulle de sa nuisette rose praline, s'était frayé un passage dans la pilosité de sa femme puis, entre deux r?les de marcassin balancé sur une ligne haute tension, avait dégoisé des insanités en la secouant comme un flipper. Mouillé comme une éponge, rouge comme un chasseur de perdrix compressé dans son gilet apr?s une dégustation de pomerol, il vérifia l'exagération de ses propres grimaces dans la glace, propulsa dans les entrailles de ma m?re changée en cyclotron un jet de spermatozo?des fusant ? la vitesse des quarks, puis s'affaissa sur elle tel un figurant de film de guerre au coup de sifflet. Il était minuit.
- Il surécrit ! s'était scandalisé mon p?re ? la sortie de mon premier roman. Je ne comprends pas qu'on ait pu donner le Goncourt, m?me des bacs ? sable, ? une telle surench?re d'outranci?res épith?tes ! Nul. Zéro. ? dégager ! Qu'on ne compte pas sur ma mansuétude, ni sur ma pitié, pour ranger cette cagade dans ma biblioth?que. Cela contaminerait les vrais livres qui s'y tiennent, eux, avec la dignité requise. Si j'étais critique littéraire, fils ou pas fils, je lui aurais brisé les dents. Balancez-moi ?a dans la poubelle ! Nous avons pour habitude, dans cette maison, de ne point faire collection de produits avariés.
Cet écrivain nul, cher lecteur, vient d'achever le livre que tu tiens entre les mains - ce livre est épais, glanduleux, visqueux, radical, oblong, coupant, muni de poils étoiles, il est (grossi?rement) denté, il est purpurin, jaune p?le, tube, il est bracté, il est cilié.
- Je te fourre mon billet que vous ne le terminerez pas, messieurs mesdames, ce roman ! ricana mon p?re. Il est des écrivains autrement plus urgents ? lire que les diarrhées de cette esp?ce d'imbécile. D'ailleurs, la critique est unanime, voire unanimissime, pour crier que ?a sent le navet.
Apr?s trois essais de mauvais go?t, Yann Moix, fasciné par Yann Moix (il ne partage, au monde, ce triste privil?ge qu'avec lui-m?me), revient avec un roman autobiographique qui se voudrait grand, mais qui, in fine, n'est que gros. Revenant ? cette enfance qui ne nous intéresse pas, la sienne, il multiplie les effets, abuse des facilités, sollicite toutes les redondances pour nous infliger, nous qui étions déj? depuis longtemps affligés, les interminables délires d'une prose qui se voudrait poétique, mais ne parvient dans le meilleur des cas (sans le vouloir) qu'? ?tre pathétique. Nous recommandons ? cet auteur (tout vaut mieux que de le qualifier d'écrivain) de persister dans le cinéma, art qui se pr?te plus judicieusement ? la vulgarité de ses dons. Car il a des dons, Yann Moix, au premier rang desquels, celui, parce que nous veillons en ces colonnes ? rester polis en toutes circonstances, de nous agacer.
Gilbert-Alain Néhant, Le Libre Lombric du 27 ao?t.
Pauvre petit Moix, pauvre petit chimpanzé. Que faire de ce gars ? Il est perdu pour la littérature, n'est-il pas ? Tellement perdu tout court, verbiage ? la main, col?re au cou, pr?t ? vomir la terre enti?re, lui si minuscule, si ridicule, si chose en «ule», si ventricule, si tubercule, j'oserais dire si pustule. Si vérule et si pédoncule. Nous le vomissons.
Jean-Flegme Anonyme, Viande magazine du 1er septembre.
Autor | Moix, Yann |
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Ilmumisaeg | 2013 |
Kirjastus | Grasset Et Fasquelle |
Köide | Pehmekaaneline |
Bestseller | Ei |
Lehekülgede arv | 1152 |
Pikkus | 240 |
Laius | 154 |
Keel | French |
Anna oma hinnang